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L'édition, les enjeux d'une révolution numérique

ICC : l’édition, les enjeux d’une révolution numérique

Les industries culturelles et créatives (ICC) sont primordiales, garantissant la vitalité de notre culture ainsi que sa diffusion. Arts visuels, patrimoine, musique, spectacle vivant, cinéma, édition ou jeux vidéo (pour ne citer qu’eux), la filière ICC représente un nombre d’actifs et un marché conséquents (49,2 milliards d’euros en 2019). Un point sur la révolution numérique dans le monde de l’édition.

Temps de lecture : 2 minutes

Le livre, représentant de la culture universitaire

Le livre est une des sources vives de la culture universitaire. L’édition affronte aujourd’hui des disruptions profondes liées au numérique dont Emmanuelle Chapron, professeur d’histoire moderne à Aix-Marseille Université, interroge les conséquences au sein du milieu académique. Selon elle, la conversion numérique de l’industrie du livre et la numérisation massive des fonds anciens des bibliothèques, engagées il y a une vingtaine d’années, transforment en profondeur les manières de travailler des milieux académiques, qui ont désormais accès en un clic à des bibliothèques et des librairies entières. Les bases de données et les portails bibliographiques modifient les pratiques de la recherche en permettant de repérer d’une manière simple et intuitive des sources et des références auparavant inconnues ou inaccessibles. Ces nouvelles manières de chercher et de lire posent des questions qui ne doivent pas être esquivées, à propos de la constitution de ces corpus apparemment illimités, de la maîtrise des itinéraires de lecture dessinés par la navigation numérique ou du nécessaire effort de recontextualisation à mener autour de ce qu’elle fait remonter en surface.

L’importance du livre comme objet matériel

Mais ces évolutions rapides, de l’écrit à l’écran, ont aussi conduit, dans un mouvement réflexif inverse, à redécouvrir que les livres ont une odeur, une texture et un format, que les bibliothèques véhiculent des émotions positives, sont des espaces de sociabilité et rassemblent des communautés. Il y a quelques années, l’hashtag #MontreTaBibli a révélé la force de connivence provoquée par la mise en scène des bibliothèques de travail des chercheurs sur les réseaux sociaux. Les sciences cognitives mettent en évidence le rôle joué par la tridimensionnalité et la structure feuilletée dans l’appropriation des contenus intellectuels.  Il y a ainsi, dans les sciences humaines et sociales, une oscillation entre l’intérêt évident lié au développement de ces ressources et la conscience aiguë de la déperdition phénoménologique et épistémologique causée par la mise à distance d’objets d’études de plus en plus coupés du corps. Plutôt que d’opposer ressources numériques et objets de papier, il faut comprendre ce qui peut fonder le « goût de la bibliothèque » à l’ère d’internet et inventer d’autres manières d’appréhender la matérialité des objets à travers leur substitut numérique.