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Météorite : un enregistrement magnétique vieux de 4 565 Ga

La météorite Erg Chech 002 est issue d’une éruption qui s’est produite sur un astéroïde il y a 4,565 milliards d’années (Ga). En l’étudiant, des chercheurs du Centre de Recherche et d'Enseignement en Géosciences de l'Environnement ont estimé le plus vieil enregistrement magnétique jamais mesuré pour notre Système Solaire.

Temps de lecture : 4 minutes

Ce qu’il faut retenir :

  • Les météorites contiennent des minéraux capables d’enregistrer le champ magnétique présent lors de leur formation. Ces champs magnétiques sont considérés comme essentiels aux premières phases de la formation planétaire et sont donc très importants à étudier. 
  • En étudiant la météorite Erg Chech 002, la plus vieille roche volcanique du Système Solaire jamais tombée sur Terre, les chercheurs du CEREGE ont pu estimer l’intensité du champ magnétique qui régnait dans le disque proto-solaire, seulement deux millions d’années après la formation de notre étoile. Il s’agit du plus vieil enregistrement magnétique jamais mesuré dans une météorite de notre Système Solaire. 
  • Continuer à étudier les enregistrements magnétiques permet de guider le développement des modèles dynamiques et tester certaines prédictions de dynamique nébulaire, dans le but ultime de lever le voile sur les mécanismes de formation planétaire.  

Nous savons aujourd’hui que les planètes de notre Système Solaire se sont formées à partir d’astéroïdes nés dans la nébuleuse solaire, le disque de gaz et de poussières qui entourait le jeune soleil il y a environ 4,6 milliards d’années. En revanche, la formation de ces astéroïdes à partir des poussières du disque reste un mystère. 

Les champs magnétiques, essentiels à la formation des planètes ?

Les champs magnétiques sont de plus en plus considérés comme essentiels aux premières phases de la formation planétaire, car ils faciliteraient notamment l’agglomération des poussières. Pour le vérifier à l’échelle de notre Système Solaire, il faut caractériser les propriétés de ces champs magnétiques, aujourd’hui disparus, et particulièrement leur intensité. Cela est possible grâce aux météorites. Ces roches extraterrestres, qui proviennent justement des premiers astéroïdes, contiennent des minéraux capables d’enregistrer le champ magnétique présent lors de leur formation. Celles-ci constituent aujourd'hui notre seule source de données permettant de déterminer la longévité, l'intensité et la géométrie des champs magnétiques présents dans le disque protoplanétaire. 

Erg Chech 002, une météorite exceptionnelle

Dans le cadre de cette publication, les chercheurs du Centre de Recherche et d'Enseignement en Géosciences de l'Environnement (CNRS/AMU/IRD/INRAE) ont étudié une météorite exceptionnelle appelée Erg Chech 002, la plus vieille roche volcanique du Système Solaire jamais tombée sur Terre. Cette météorite est issue d’une éruption qui s’est produite sur un astéroïde il y a 4,565 milliards d’années. Ils ont montré que, lors de son refroidissement, cette météorite a enregistré le champ magnétique de la nébuleuse solaire. Grâce à l’aimantation très bien préservée d’Erg Chech 002, ils ont pu déterminer que ce champ était relativement intense (plusieurs dizaines de microteslas, similaire au champ magnétique terrestre actuel) seulement deux millions d’années après la formation du Soleil. Il s’agit du plus vieil enregistrement magnétique jamais mesuré dans une météorite. 

Photo de la météorite Erg Chech 002, la plus vieille roche volcanique du Système Solaire jamais tombée sur Terre.
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Photo de la météorite Erg Chech 002, la plus vieille roche volcanique du Système Solaire jamais tombée sur Terre.

Crédit : Luc Labenne, Labenne Meteorites

Décrypter les enregistrements magnétiques

Le paléomagnétisme est la discipline qui vise à étudier les variations des champs magnétiques au cours des temps géologiques. Ces données paléomagnétiques sont cruciales pour guider le développement de modèles dynamiques de disques afin de faire progresser la compréhension de la formation des planètes. Combinés à des données obtenues sur des météorites plus « jeunes », les résultats de cette étude permettent de tester certaines prédictions issues de ces modèles, dans le but ultime de lever le voile sur les mécanismes de formation planétaire.  

Les enregistrements paleomagnétiques tels que celui d’Erg Chech 002 sont rares, précieux, et particulièrement sensibles aux contaminations magnétiques. Il est trop souvent constaté que les météorites ont été mises en contact avec un aimant pour en vérifier la nature extraterrestre, effaçant ainsi 4.6 milliards d’années d’histoire magnétique. Mais des alternatives aux aimants existent ! Certaines sont même développées au Centre de Recherche et d'Enseignement en Géosciences de l'Environnement. Alors, pensez-y la prochaine fois que vous vous trouverez en possession d’une de ces roches venues d’un autre monde.

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Maurel
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Clara
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Post-doctorante Marie Skłodowska-Curie au Centre Européen de la Recherche et de l'Enseignement des Géosciences de l'Environnement (CEREGE)
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Gattacceca
Prénom
Jérôme
Fonction
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Directeur de recherche CNRS au Centre Européen de la Recherche et de l'Enseignement des Géosciences de l'Environnement (CEREGE)
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