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Kaléidoscopes méditerranéens

Donner une nouvelle forme aux ouvrages et proposer un nouveau mode de lecture aux recherches réalisées en sciences humaines et sociales, voilà tout l’enjeu du portail Kaléidoscopes méditerranéens, proposé par la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH), en collaboration avec l’Institut de l’information scientifique et technique (INIST) du CNRS. 

Temps de lecture : 7 minutes

Donner une nouvelle forme au livre

« L’observation des ressources diffusées en sciences humaines et sociales montre que c’est encore la tradition issue du livre fondée sur l’art rhétorique du discours, transposée avec des formats numériques, qui domine largement les publications électroniques (ouvrages ou articles). »1 

Autrement dit, en sciences humaines et sociales, la norme est encore bien souvent à la publication d’ouvrages académiques suite à un processus de recherche de longue haleine, sans encore réellement y intégrer pleinement le numérique ou le multimédia, qui pourrait pourtant aider à rendre le tout plus accessible. C’est pourquoi, en 2018, la MMSH a souhaité encourager l’émergence d’un modèle éditorial dépassant le format de publication s’inspirant du livre pour explorer toutes les potentialités offertes par le numérique à travers la diffusion de l’appel à projet Création de publication scientifique numérique. C’est le projet Matérialités citoyennes qui en est ressorti lauréat courant 2019 aux côtés d’un deuxième projet. Ils ont ensuite été réunis sous la collection Kaléidoscopes méditerranéens lors de leur mise en ligne.

Un nouveau mo(n)de de lecture scientifique

Kaléidoscopes méditerranéens, c’est avant tout un portail qui rassemble des projets d’édition écrits qui se sont enrichis grâce au multimédia. Le portail propose des entrées par projet de recherche, chaque projet étant ensuite représenté sur son propre espace sur le portail. Après une brève présentation globale du projet, les auteurs peuvent construire leur site comme ils l’entendent. Les projets publiés se composent d’une pluralité de données et de supports issus de la recherche et proposent plusieurs niveaux de présentation, par exemple par collections thématiques. Chaque collection rend compte d’une clé de compréhension supplémentaire de l’enquête menée par l’équipe de recherche.  

Photographies, objets, dessins, chiffres, plans, manuscrits, gravures… Les différents types de contenus recensés sont nombreux. Chaque contenu est référencé et daté pour permettre différents modes de navigation à travers les contenus (thématique, cartographique, alphabétique, etc). L’objectif ? Créer un nouveau mode de lecture scientifique à la fois innovant et dynamique, qui serait accessible à une diversité de publics.

Rendre les recherches et leurs données accessibles

Dans le respect des principes de la science ouverte, qui cherche à rendre la recherche scientifique et les données produites accessibles à tous et à tous les niveaux de la société, l’ensemble des documents présentés sur les sites web sont citables et accompagnés d’une notice, ainsi que de leurs métadonnées. 

Il n’est donc plus question de rendre uniquement compte des résultats des recherches menées, mais de représenter l’ensemble du travail effectué en mettant à disposition des visiteurs les différents éléments de la recherche (matériaux, résultats, analyses, méthodes de travail, etc.). 

Une collaboration innovante

Pour réaliser ce projet, Sylvia Girel, alors chargée de mission « Innovation et numériques », a travaillé en collaboration avec les chercheurs/ses porteurs du projet lauréat (Matérialités citoyennes), notamment Jean-Baptiste Xambo, et avec l’INIST. La MMSH a ainsi pu bénéficier du soutien technique de l’équipe de l’INIST, tout en proposant ses choix pour le design, les rubriques, etc. De leur côté, l’équipe de l’INIST a trouvé une opportunité de s’appuyer sur des projets innovants en Humanités numériques pour tester et mettre en place de nouvelles fonctionnalités techniques. Ce travail collaboratif a permis la création d’une maquette réutilisable par tout chercheur/se ou équipe intéressée à publier sous ce format multimédia.
 

Deux projets à retrouver en ligne actuellement

Le portail Kaléidoscopes méditerranéens a pour vocation de favoriser le partenariat institutionnel et non institutionnel, et d’enrichir la collection numérique. Deux projets de recherche sont actuellement accessibles en ligne : 

  • Matérialités citoyennes
  • Matières à penser Jean-François Séguier (1703-1784)

Entretien avec Thomas Glesener et Isabelle Grangaud du projet Matérialités citoyennes

Pouvez-vous nous présenter votre projet en quelques phrases ?

Notre projet rassemble différentes enquêtes autour de la citoyenneté. Nous retenons une définition de la citoyenneté qui met l’accent sur les droits d’accès aux ressources d’un lieu donné (que ce soit le droit d’accéder à l’usage des biens communs de ce lieu, d’habiter ou de travailler, d’être assisté, etc.). Et les enquêtes, plutôt que de porter sur / ou d’illustrer des concepts, sont incarnées dans des objets, des statuts, des lieux, des êtres humains et non humains. Cela explique le titre « Matérialités citoyennes » du projet. 

En considérant le temps long (du XVIe siècle jusqu’à aujourd’hui) aussi bien que toutes les rives de la Méditerranée, nous révoquons en doute l’idée commune selon laquelle la citoyenneté serait une qualité propre à l’Europe et/ou à la période contemporaine. A l’inverse, la raison d’un tel projet interactif tient à la possibilité de mettre en perspective des proximités, parfois inattendues, à travers le temps et l’espace. Le projet est à la fois interdisciplinaire et comparatif, et la navigation entre les enquêtes et leurs matériaux a pour objet d’en montrer les perspectives tangibles.

Pourquoi avoir choisi de le déposer sur le portail Kaléidoscopes méditerranéens ?

« Matérialités citoyennes » n’a pas juste été déposé sur le portail, il a été co-construit puisqu’il fut choisi pour être le projet pilote du portail. Ce fut donc une expérience partagée entre nous et les éditions de la MMSH. Par ailleurs, les moyens mis à disposition par l’Institut de l’information scientifique et technique (INIST-CNRS) nous ont permis de développer un projet a priori complexe puisqu’il mobilisait conjointement plusieurs médias (l’écriture, l’image, la vidéo, des bases de données) et une représentation cartographique interactive des lieux d’enquête. 

Quels avantages voyez-vous à l’utilisation du numérique et l’incorporation du multimédia dans la présentation de vos recherches ? 

Les enquêtes sont restituées dans de courtes notices auxquelles sont adjoints différents types de matériaux s’y rapportant. La transposition des enquêtes sur un support numérique nous a donné l’occasion d’imaginer l’expérience de consultation. Au cours de nos recherches, des airs de famille ont émergé entre les différents terrains et il n’était pas simple de les restituer tous dans une démonstration écrite. Contrairement à un livre qui retranscrit un projet de façon statique, l’informatique a permis de rapprocher les terrains par la navigation et rend le tout beaucoup plus interactif. De plus, la mise en regard des textes avec les documents à partir desquels ils ont été élaborés permet de reconstituer les environnements de chaque enquête. Enfin, la plateforme est un outil ouvert qu’il est possible de faire évoluer au fil des innovations techniques, et que l’on peut implémenter à mesure de l’avancée de nos travaux. A terme, notre ambition est de faire vivre le projet à l’image d’une revue scientifique avec des appels, des sollicitations et des mises en ligne, et d’en faire le support d’une communauté de recherche sur les questions de citoyenneté en Méditerranée.

Entretien avec François Pugniere du projet Matières à penser Jean-François Séguier (1703-1784)
 

Pouvez-vous nous présenter votre projet en quelques phrases ?

Jean-François Séguier est un botaniste et antiquaire nîmois, ayant voyagé à travers l’Europe tout en ayant vécu 23 ans à Vérone. Nous transcrivons sa correspondance depuis 2010. Celle-ci correspond à une archive savante de plus de 3 000 lettres. Ce projet s’inscrit dans le prolongement de ce travail de retranscription et d’indexation. L’idée de rendre accessible ces contenus en ligne est de faire rentrer l’utilisateur au cœur de l’élaboration du travail savant. Cela pourra s’enrichir à terme d’un cabinet virtuel. Le projet n’est donc pas clos, nous comptons l’alimenter progressivement. Nous voudrions qu’il devienne un espace multimodal, une sorte de hub. 

Pourquoi avoir choisi de le déposer sur le portail Kaléidoscopes méditerranéens ?

C’était une occasion de travailler autrement en plus du travail de rédaction habituel. Cela représente un lieu de rendez-vous pour trouver une information scientifique de première main qui échappe aux contraintes du temps. Contrairement à un ouvrage, nous pouvons le mettre à jour. A terme, nous aimerions, par exemple, mettre à disposition des versions de textes originaux via un outil de téléchargement.  

Quels avantages voyez-vous à l’utilisation du numérique et l’incorporation du multimédia dans la présentation de vos recherches ? 

Assez souvent, en histoire, l’image est pensée simplement comme une illustration du propos. En associant les textes et les images sur cette plateforme, cela permet de les faire dialoguer, de penser autrement le rapport à l’image et son sens, en confrontant une information volontairement concise à l’apport pictural. Le travail de synthèse que cela nécessite est difficile, mais passionnant !

Contact à ajouter
Nom
Nom
Glushetckaia
Prénom
Tamara
Fonction
Fonction
Chargée de mission Humanités numériques à la MMSH/IR* Huma-Num