Aller au contenu principal
Pillules

L’activité antivirale de l’antidépresseur Prozac® élucidée

Dans un contexte actuel de repositionnement de médicaments déjà présents sur le marché pour lutter contre les infections virales, deux équipes de recherche issues de l’Unité des Virus Émergents (Aix-Marseille Université/IRD/Inserm/AP-HM) et du Laboratoire Architecture et Fonction des Macromolécules Biologiques (Aix-Marseille Université/CNRS), en collaboration avec des chercheurs de l’Université d’Utrecht et de l’Université de Cardiff, ont décrit l’activité antivirale de la fluoxétine, antidépresseur connu sous le nom de Prozac®.

Temps de lecture : 3 minutes

Ce qu'il faut retenir :

  • Précédemment, les chercheurs avaient déjà démontré l’activité anitvirale de la fluoxétine,  antidépresseur connu sous le nom de Prozac®, contre les entérovirus.
  • Dans cette étude, ils ont réussi à décrypter le mécanisme responsable. La fluoxétine cible une protéine du virus, appelée 2C. Elle l’inactive, ce qui empêche la réplication virale et donc la multiplication du virus.
  • Cette découverte intervient dans un contexte de repositionnement de médicaments existants comme moyen de lutte contre les infections virales.

Un antidépresseur aux propriétés anitvirales

Dès 2013, lors d’une première collaboration avec l’École Vétérinaire de l’Université d’Utrecht (Pays-Bas), les chercheurs de l’Unité des Virus Émergents et du Laboratoire Architecture et Fonction des Macromolécules Biologiques avaient réussi à démontrer que la fluoxétine avait un effet antiviral in vitro sur les entérovirus, un genre viral regroupant plusieurs pathogènes humains parmi lesquels le virus de la poliomyélite, du rhume ou du syndrome pieds-mains-bouche.

Dans cette nouvelle étude, les chercheurs ont pu aller plus loin dans le repositionnement du Prozac® pour lutter contre les infections à entérovirus. Ils ont cherché à décrypter comment ce médicament, utilisé comme antidépresseur, pouvait également empêcher certains virus de se répliquer. Ils ont d’abord identifié la protéine du virus ciblée par la fluoxétine et ont ensuite montré que les propriétés antidépressives du médicament n’étaient pas impliquées dans le mode d’action antiviral. Cette protéine virale, connue sous le nom de 2C, participe à la réplication du génome du virus. En se fixant à proximité de son site actif, la fluoxétine rend la protéine inactive et la réplication virale est stoppée.

Stratégie : repositionner des médicaments existants

Cette découverte montre que la stratégie de repositionnement des médicaments contre des pathologies virales pour lesquelles il n’existe pas de médicaments efficaces peut fonctionner. Si l’utilisation du Prozac® pour traiter des infections virales bénignes telles que le rhume n’est pas envisageable, ce travail permet néanmoins d’ouvrir plusieurs pistes. La fluoxétine pourrait être envisagée pour traiter des cas d’infections à entérovirus avec complications notamment chez des personnes immunodéprimées. La caractérisation du mode d’action au niveau atomique permet également d’initier un travail de développement de nouvelles molécules antivirales ciblant spécifiquement et plus efficacement la protéine virale.

Contact à ajouter
Nom
Nom
Coutard
Prénom
Bruno
Fonction
Fonction
Professeur AMU à l’Unité des Virus Emergents (AMU/IRD/Inserm/AP-HM)