Qu’est-ce que le projet Erasmus+ « CLIMAST » ?

Fanny Trifilieff : Pourquoi intégrer les enjeux climatiques et sociétaux au niveau académique ?

Laurence Vidal : Le changement climatique est le principal défi sociétal du XXIe siècle. Le système climatique est complexe et l’information sur le changement climatique, ainsi que les solutions d'adaptation nécessitent une connaissance fondamentale de ce système. Actuellement, il existe un besoin de jeunes professionnels ayant une solide formation en sciences du climat. L'offre de formation doit évoluer pour inclure un ensemble de compétences pluridisciplinaires allant d'une solide formation en sciences du climat à des compétences transversales et de communication, de façon à préparer les étudiants à être moteurs de solutions émergentes en lien avec les acteurs de la société civile. Ces approches doivent prendre en compte le contexte global et international, avec l'appui des pratiques numériques, interactives et virtuelles. Il est urgent de veiller à ce que la formation climatique dans l'enseignement supérieur au niveau européen soit cohérente avec les enjeux climatiques.

F.T : Qu’est-ce que le projet Erasmus + « CLIMAST » ?

L.V : Entre 2019 et 2022, ce projet a rassemblé des étudiants de master d’AMU (coordinateur via l’OSU Pythéas), l’Université de Barcelone et l’Université du Salento pour leur proposer un nouveau modèle d'enseignement interdisciplinaire et innovant en sciences du climat. Des séminaires, travaux pratiques en laboratoire ou encore excursions sur le terrain ont permis aux étudiants d'actualiser leurs connaissances scientifiques sur le changement climatique et d'ajouter différentes perspectives, notamment sur la variabilité climatique naturelle passée, les observations actuelles et les projections futures expliquées par des experts. L’impact du changement climatique et les risques des événements extrêmes ont également été abordés, ainsi qu’une initiation aux outils existants pour l'estimation de l'empreinte climatique et de l'impact des choix de transition énergétique. Le programme a consacré une attention particulière à la perception du changement climatique en dehors du monde académique en abordant des notions de psychologie sociale, de justice climatique, en travaillant sur des exemples de mobilisations menant à des actions en faveur du climat au niveau individuel, collectif et des décideurs. Un accent fort a également été mis sur la compréhension des différentes modalités de communication sur le changement climatique.

F.T : Suite à la tenue de ce projet, quelles recommandations peuvent être faites ?

L.V : Actuellement, l'offre de cours sur le climat et l'environnement dans les établissements d'enseignement supérieur est plutôt limitée et concentrée dans les domaines scientifiques. Nous recommandons que l'offre cible tous les étudiants dans tous les établissements et toutes les disciplines. Les nouveaux projets pédagogiques proposés devraient permettre d'intégrer l'urgence climatique et environnementale dans les cours de master, voire dès la licence, grâce à des pratiques pédagogiques innovantes. Seules les approches interdisciplinaires peuvent fournir aux étudiants les compétences multiples nécessaires à la compréhension de ces questions afin qu'ils puissent intégrer la transition climatique et environnementale dans leur future carrière. Si les établissements sont soutenus pour réaliser de tels changements, les étudiants auront ainsi l’occasion de développer un projet professionnel en phase avec les défis sociétaux.