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Migrer quand les îles meurent

Les îles seront-elles bientôt rayées de la carte, englouties par la montée des eaux ?  Les plages de sable fin, les cocotiers, des Caraïbes au Pacifique glissent lentement sous la mer. Bientôt, ces paysages paradisiaques ne seront que de lointains souvenirs. Pour ceux qui y vivent, c’est toute leur vie qui prend l’eau. Selon les économistes L. Cassin, P. Melindi-Ghidi et F. Prieur, ces populations n’auront guère d’autres solutions que la migration. 

Temps de lecture : 3 minutes

Rapita, Rehana et Kale ou encore Kepidau et Nahlapenlohd, ces noms ne vous disent probablement rien, et pour cause. Englouties par la mer, sous l’effet de la montée des eaux, ces îles appartiennent respectivement à l’archipel Salomon et aux États fédérés de Micronésie, situés dans l’océan Pacifique. Depuis 2014, elles ont été rayées de la carte. Par chance, aucun peuple n’y vivait. Avec une hausse du niveau de la mer de deux à trois millimètres par an, d’autres îles, cette fois-ci habitées, sont menacées par les conséquences du changement climatique de par leur topographie et aménagement territorial.

Loin des cartes postales

Les îles du Pacifique et des Caraïbes sont les prochaines sur la liste. L’érosion n’épargne aucun front de mer. Les petites îles, plus vulnérables, doivent faire face à toutes sortes de menaces : sécheresse, tempêtes, précipitations, cyclones. D’autant que leurs activités humaines se concentrent généralement sur les côtes et qu’elles sont dépendantes de leurs ressources naturelles. Pourtant, contrairement à d’autres pays, elles émettent peu de gaz à effet de serre. Une injustice particulièrement dénoncée par le président Anote Tong de l’État pacifique du Kiribati, attristé par « la mort de sa terre natale ». Ce cas extrême n’est pas isolé. La France devra faire face à ce défi, puisqu’une partie de sa population vit sur des territoires insulaires d’outre-mer. Selon Virginie Duvat-Magnan, professeure de géographie à l’université de La Rochelle, une partie des Antilles sera inhabitable à compter de 2040, obligeant les gouvernements à relocaliser leurs populations.

À propos

Dialogues économiques est une revue numérique de diffusion des connaissances éditée par Aix-Marseille School of Economics (AMU, CNRS, EHESS, Centrale Méditerranée) Passerelle entre recherche académique et société, Dialogues économiques donne les clefs du raisonnement économique à tous les citoyens. Des articles sont publiés tous les quinze jours.

Comment les États peuvent-ils agir pour lutter contre les effets du changement climatique ? Ils peuvent chercher la réduction des risques, c’est-à-dire, une baisse drastique des émissions de gaz à effet de serre pour couper à la racine les causes du réchauffement et ralentir sa progression. Une autre possibilité est de s’adapter à travers des politiques publiques et des infrastructures pour se protéger des effets déjà avancés du réchauffement. Or, dans le cas des îles du Pacifique ou des Caraïbes, la réduction des risques est quasiment impossible puisqu’elles ne sont pas responsables des émissions. Elles n’ont aucun moyen d’enrayer leur augmentation. Il ne leur reste que les solutions d’adaptation. Parmi elles, la migration pourrait bien jouer un rôle décisif.

C'est l'option envisagée par les économistes Lesly Cassin, Paolo Melindi-Ghidi et Fabien Prieur dans une étude  intitulée « Confronting climate change: Adaptation vs. migration in Small Island Developing States », publiée en 2022 dans la revue Resource and Energy Economics. En s’intéressant à dix îles des Caraïbes, ils montrent comment la migration, associée à des politiques d’adaptation, devient une solution inévitable, à mesure que les dégâts climatiques tracent leur route.

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Auteur scientifique, Université de Lorraine
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Auteur scientifique, AMSE, AMU, Faculté d'économie et de gestion
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Auteur scientifique, Centre d'Economie de l'Environnement, Montpellier
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Journaliste scientifique