Réussir après le décrochage scolaire : le parcours HOP!

8% des 18-24 ans en décrochage scolaire

Aujourd’hui en France, 8% des jeunes de 18 à 24 ans sont en décrochage scolaire, c’est-à-dire qu’ils ne sont plus inscrits en formation et n’ont pas de qualification telle que le bac ou équivalent. À partir de 19 ans, la loi française ne considère plus obligatoire leur formation ou leur insertion en emploi, laissant souvent ces jeunes échapper au système. Bien que diverses structures et associations existent pour aider les décrocheurs, ces ressources restent peu connues par leurs bénéficiaires potentiels.

La plupart des programmes d’accompagnement des décrocheurs scolaires actuels visent à réintégrer les jeunes dans le système éducatif traditionnel pour obtenir un diplôme équivalent au baccalauréat. Cependant, une étude¹ révèle que de nombreux décrocheurs rejettent la forme scolaire traditionnelle. Les raisons de leur décrochage varient, allant du rejet de la forme scolaire à des difficultés scolaires, un attrait pour la vie active, un découragement ou des problèmes personnels. 

En dehors du parcours classique en école publique, les jeunes de 16 à 25 ans sortis du système scolaire et n’étant pas en emploi ont également la possibilité de rejoindre une école de la seconde chance (E2C), celle-ci étant pensée pour permettre un retour sur le chemin de l’école. Cependant, elle ne permet pas le réancrage scolaire :  le retour en classe “classique” est souvent vécu comme très brutal par les élèves et le risque d’un nouveau décrochage scolaire est alors élevé². Leur risque de quitter le système scolaire de manière précoce et sans diplômes est donc toujours élevé et aucune alternative n’est proposée à ces décrocheurs qui se retrouvent à nouveau en risque important de chômage. 

Parcours HOP ! : accompagner un retour vers l’emploi ou un projet entrepreneurial

Finalement, il existe peu de solutions en dehors d’une perspective de retour sur les bancs de l’école pour ces jeunes, ou d’une éventuelle entrée sur le marché de l’emploi vers des activités et des contrats souvent précaires et des conditions de travail difficiles. Toutefois, des études scientifiques indiquent que contribuer au développement des soft skills chez les jeunes et les personnes éloignées de l’emploi favorise une réinsertion professionnelle et la réussite en emploi.

Le dispositif “HOP!” (Hashtag Objectif Pro), démarré en mars 2022 a été expérimenté dans trois territoires en France : région Île-de-France (IDF), région Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) et région Provence-Alpes-Côte-d’Azur (PACA). Il propose une alternative innovante pour accompagner des personnes sans emploi, sans diplôme et sans formation (NEET) grâce à un parcours individuel et collectif, qui a fait l’objet d’une recherche-action. Ce programme d’accompagnement dure six mois pour les personnes souhaitant trouver un emploi et un an pour celles porteuses d’un projet entrepreneurial.

Des conditions d’apprentissage qui favorisent la confiance en soi

Les jeunes adultes sortis du système scolaire ou les adultes plus âgés en reprise d’études sont à la recherche d’un rapport d’égal à égal avec le formateur, qui ne les infantilise pas et change du rapport sachant/apprenant que l’on retrouve dans l’enseignement classique. Cela leur permet de ne pas se sentir inférieurs et de se placer en position d’apprenants dotés de connaissances et de compétences qu’ils peuvent partager. Sortir du cadre scolaire traditionnel permet donc de sortir de ce rapport sachant/apprenant et d’évoluer dans un rapport d’égalité et de partage des savoirs. Ce constat est partagé par les études portant sur les dispositifs de raccrochage comme les écoles de la seconde chance, où le rapport enseignant/élève est totalement différent de l’enseignement traditionnel et qui semble mieux convenir aux élèves inscrits dans ce type d’établissement².

Les locaux dans lesquels se déroulent les ateliers proposés ont également leur importance. Par exemple, pour les participants de l’Ile-de-France, une partie des ateliers se déroule, au Learning Planet Institute, un campus de 7000m_² au cœur de Paris, dans des locaux atypiques accueillant une population de chercheurs, professionnels, universitaires et étudiants, ils côtoient donc un univers auquel ils n’avaient encore jamais eu accès et qui leur permet de développer une meilleure estime d’eux-mêmes, une des participantes, D ; 23 ans, à Paris témoigne ainsi : “moi qui n'ai jamais fait d’études, qui n’ai jamais mis les pieds dans une fac, je pensais que ce n’était pas pour moi, que je n’avais pas le niveau. Ici, j’ai un peu l’impression de faire des études supérieures et d’enfin venir à la fac, je suis contente de venir ici”.

Développer les soft skills plutôt que combler les lacunes scolaires

Proposant une pédagogie innovante dans ce lieu qui favorise la recherche interdisciplinaire, le parcours HOP ! favorise le développement de l’estime de soi des participants, les aide à reprendre confiance en eux et à réfléchir à leurs projets personnels et professionnels. Les ateliers du projet se concentrent sur le développement de compétences pratiques, telles que la création d’un CV ou la simulation d’entretiens d’embauche, et de compétences du 21e siècle  telles que la créativité, ou la collaboration, fondamentales pour le travail de demain selon l’Organisation International du Travail³, plutôt que de combler les lacunes scolaires.

Participer à un mois d’ateliers collectifs en présentiel, en petits groupes, permet aux participants de nouer des liens et de recevoir un accompagnement plus personnalisé. De ce fait, le programme encourage la cohésion de groupe et met en relation des participants aux profils diversifiés, favorisant ainsi le partage d'expériences. Des excursions en plein air, ainsi que des visites à des MakerLabs (cf. Make ICI Marseille), permettent également aux talents de se déconnecter de leur quotidien et de stimuler leur créativité.

Des premiers résultats positifs

Les premiers résultats de la recherche-action portant sur ce dispositif sont positifs et démontrent que les participants découvrent et développent des compétences psychosociales : gain de confiance en soi, meilleure maîtrise de leurs projets personnels et professionnels, redonner du sens à leur projet, une orientation mieux adaptée à leurs envies et à leur profil grâce à l’acquisition de nouvelles compétences.

Références : 

¹Bernard, P., & Michaut, C. (2014). « Marre de l’école »  : les motifs de décrochage scolaire. ResearchGate. 

²Rapport d’information du Sénat. (2022). Prévenir la délinquance des mineurs - Éviter la récidive. (p.55-56) 

³International Labour Organization, ILO. (2021). Global framework  on core skills for life and work  in the 21st century.