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SARS-CoV-2

SARS-CoV-2 et impact sur l’élasticité du corps humain

Le bon fonctionnement du corps humain est notamment assuré grâce aux propriétés élastiques de nos organes et de nos tissus, qui nous permettent de respirer correctement par exemple. Or, il semblerait que ces tissus riches en fibres élastiques fassent partie des cibles du virus SARS-CoV-2. Le biologiste Pascal Sommer nous aide à en comprendre les impacts.

Temps de lecture : 3 minutes

Fanny Trifilieff : Qu’entend-t-on par « élasticité » du corps humain ?

Pascal Sommer : Le corps humain est fait pour pouvoir se mouvoir. Les mouvements sont rendus possibles grâce à l’élasticité, c’est-à-dire la capacité des différents organes et tissus du corps à reprendre leur forme initiale après avoir subi une déformation. Par exemple, c’est l’élasticité qui permet aux parois des poumons et des artères de se gonfler et de se dégonfler lors de la respiration. Les deux principaux composants responsables de l’élasticité sont les fibres de collagène, qui assure la structure et la rigidité de l’ensemble, et les fibres élastiques. La perte d’élasticité est l’une des causes de nombreuses pathologies et peut être facteur de leur aggravation.

F.T : Comment avez-vous fait le lien entre le SARS-Cov2 et l’élasticité ?

P.S : Grâce à leur élasticité, les artères jouent un rôle actif et complémentaire du cœur dans la propulsion du sang et donc dans la régulation de la tension sanguine. Lorsque l’on observe l’entrée du virus SARS-CoV-2 dans les cellules, celui-ci s’accroche à un récepteur bien précis : ACE2. Il est impliqué dans la régulation de certaines fonctions cardiovasculaires, pulmonaires et rénales, et assure la régulation de la tension sanguine. Cela permet de poser la question d’un éventuel effet direct du SARS-CoV-2 sur la tension. Le lien devient encore plus évident lorsque l’on compare ce que provoque le virus sur le corps humain, et ce que provoque un déficit d’élastine. L’infection par SARS-CoV-2 entraîne une inflammation des poumons et le développement de fibroses, c’est-à-dire la formation de tissu cicatriciel dans les poumons. Ils se durcissent et entraînent des problèmes respiratoires, les mêmes problèmes que l’on retrouve chez ces personnes en déficit d’élastine. Il y a également des effets vasculaires avec la modification des parois des artères et des veines ce qui entraîne des thromboses. On peut donc remarquer que le virus a tendance à agir sur les tissus riches en élastine.

F.T : Quel impact ont ces recherches dans la lutte contre la Covid ?

P.S : De plus en plus d’études rapportent des Covid longs avec séquelles chez les patients. Chercher à comprendre la régulation de la tension sanguine pourrait permettre d’agir sur les effets chroniques de l’infection constatés sur certains organes et fonctions corporelles.  L’hypothèse de travail étant que plus le corps contient d’élastine, plus il sera à même de réguler sa tension sanguine, de pouvoir faire face au virus, et de se réparer suite au passage de l’infection. Cette hypothèse est importante car le corps dispose d’un capital élastique en fin de croissance, et que ce capital diminue au cours du vieillissement.Ces recherches permettent également de détecter d’éventuelles susceptibilités chez les populations dites « à risques », comme les personnes hypertendues ou présentant des insuffisances. Petit à petit, tout cela pourrait entraîner la mise en place de protocoles de soins et d’accompagnement spécifiques dans le cadre de l’épidémie.

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Pascal
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Directeur de recherche émérite au CNRS, à l’Institut des sciences du mouvement – Etienne-Jules Marey (ISM, CNRS /AMU)