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Simulation d'exoplanètes - Crédit : NASA images

Magali Deleuil, prix CNES de l’Académie des sciences

C’est sous la coupole de l’Institut de France le 17 octobre 2023 que Magali Deleuil a reçu le prix « CNES Astrophysique & Sciences Spatiales », destiné à récompenser l'auteur français ou étranger de recherches conduites dans un laboratoire français pour des travaux remarquables en astrophysique. Découvrez son parcours, ainsi que les quatre missions spatiales auxquelles elle a participé.

Temps de lecture : 4 minutes

Aujourd’hui véritable spécialiste des exoplanètes, Magali Deleuil a construit sa carrière en réorientant par deux fois ses sujets de recherche. Après une thèse soutenue en 1991 à l’Université de Provence Aix-Marseille I sur les étoiles évoluées en fin de vie, elle s’intéresse aux disques circumstellaires. Les étoiles se forment dans des nuages de gaz et de poussières dont la majorité va se concentrer au centre du nuage. Le reste se répartit dans le disque dit circumstellaire. L’analyse de ces disques permet d’obtenir des informations sur les conditions de formation initiale des étoiles, mais aussi des planètes. Déterminer les propriétés de celles-ci deviendra le fil conducteur de ses recherches au cours de différents projets, qui combinent désormais détection et modélisation.

Magali Deleuil - photo portrait

Révéler les populations de planètes à courte période orbitale

C’est lors de la préparation de la mission FUSE dans les années 90 qu’elle découvre les métiers de l’espace, en côtoyant pour la première fois des ingénieurs et des techniciens rompus au spatial. En 1995, la première exoplanète 51 Pegasi b est découverte par Michel Mayor et Didier Queloz à l’Observatoire de Haute-Provence (OHP). En parallèle, la mission CoRoT est en train d’être définie avec pour objectif de détecter les vibrations internes des étoiles via l’astérosismologie. Cela permettrait de déterminer la constitution interne des étoiles. Les spécificités de l’instrument envisagé pourraient également servir à la découverte de nouvelles planètes grâce à la technique des transits, c’est-à-dire la détection d’une baisse de la luminosité lorsque la planète passe devant le disque lumineux de son étoile. L’idée séduit le CNES et la mission spatiale CoRoT, placée en orbite en 2006, assurera donc un double objectif : la recherche d’exoplanètes, et l’astérosismologie. Magali entame la coordination scientifique internationale du programme Exoplanètes de la mission qui mènera, entre autres, à la découverte de la première super-Terre rocheuse.

Comprendre la diversité des exoplanètes

En 2007, une équipe de scientifiques européens menée par Claude Catala de l’Observatoire de Paris, équipe dont fait partie Magali Deleuil, propose la mission PLATO en réponse à l’appel à mission de l’Agence spatiale européenne. PLATO a pour objectif d'identifier et de caractériser des planètes analogues à la Terre autour d’étoiles similaires à notre soleil, mais aussi essayer de déterminer des tendances évolutives dans les populations de planètes que nous observons. Est-ce que le Système solaire constitue une exception ou bien est-ce que sa configuration est répandue dans l'Univers ? Le projet n’est pas sélectionné lors de l’étape finale en 2011, mais sera retenu en 2014 lors de l’appel suivant et passera en phase de développement en 2017. Magali Deleuil en assure la coordination nationale française pour le CNES. Le lancement est prévu pour décembre 2026.

A la suite de la non-sélection de PLATO en 2011, Magali Deleuil a rejoint l'équipe Suisse-Européenne qui a répondu à l'appel de l'ESA (2012) pour une mission type "Small", c'est-à-dire basée sur un petit satellite et développée sur un calendrier court. Avec son laboratoire, le Laboratoire d’Astrophysique de Marseille, et grâce au soutien du CNES, elle a participé à la préparation de la mission CHEOPS en assurant le développement et a fourniture du logiciel de réduction des données au Centre de mission. Ce logiciel permet de passer de la série d’images telles qu'enregistrées par l’instrument, à une courbe de lumière prête pour les analyses scientifiques. En service depuis mars 2020, la mission est un succès : CHEOPS a déjà permis de déterminer les propriétés de plusieurs dizaines de planètes, mais aussi d'affiner l'architecture de certains systèmes à plusieurs planètes.

En collaboration avec un professeur qui rejoint Aix-Marseille Université sur une chaire d’excellence, et à travers l’encadrement de deux thèses, ils élaborent un modèle de structure interne de planète afin de déterminer la composition des petites planètes et ainsi mieux comprendre leur surprenante diversité. Toujours au sein de l’université, Magali participe également à la fondation de l’institut d’établissement Origines en 2021. Elle y est aujourd’hui la Directrice Adjointe Recherche et Valorisation.

Des recherches soutenues par l’Institut Universitaire de France

Ce sont donc, en tout et pour tout, quatre missions spatiales auxquelles Magali Deleuil a participé au cours de sa carrière de Professeur des universités à Aix-Marseille Université. Cela a notamment été possible grâce aux trois délégations qu’elle a effectuées au sein de l’Institut Universitaire de France (IUF) en 2009, 2016 et 2021. Ces nominations successives sont la preuve de la grande qualité de ses travaux et ses projets de recherche, et lui ont permis de continuer ses activités de recherche et de projet à l’université, grâce à un allègement de deux tiers de son service d’enseignement. Enfin, elle participe activement à la diffusion des sciences en assurant plusieurs conférences grand public par an, dans des associations ou des Festival d’astronomie, ou bien en sa qualité de référente scientifique pour différentes manifestations telles que des expositions, des vidéos, des spectacles…