Thomas Lecuit lauréat d’une Chaire d’excellence en Biologie/Santé

Thomas Lecuit, biologiste spécialiste de la morphogénèse

Thomas Lecuit, ancien élève de l’École Normale Supérieure, est un biologiste dont les recherches portent sur la morphogenèse, c’est-à-dire l’origine des formes, depuis les cellules jusqu’aux organismes. Au cours de l’embryogenèse, des millions de cellules participent à une chorégraphie de mouvements et de changements de forme, donnant naissance à un organisme complexe. Quelles sont les forces en jeu, et quelle information guide ces processus vers leur terme ? Pour répondre à ces questions, il dirige depuis 2001 une équipe de recherche à l’Institut de Biologie du Développement de Marseille (IBDM). Son équipe très interdisciplinaire utilise la drosophile comme organisme modèle, observe, caractérise et perturbe son développement par des approches expérimentales et le modélise en collaboration avec des physiciens théoriciens. 

Thomas Lecuit est aussi directeur du Centre Turing pour les systèmes vivants (CENTURI), basé à Marseille, un centre interdisciplinaire qui étudie la complexité et l’auto-organisation en biologie (microbiologie, biologie cellulaire et du développement, neurobiologie, immunologie), grâce à la contribution de la physique, de l’informatique, des mathématiques. 

Il est professeur au Collège de France depuis 2016, chaire « Dynamique des systèmes vivants ». Il est aussi membre élu de l’Académie des sciences, de l’Academia Europaea et de l’Organisation européenne de biologie moléculaire (EMBO). Il est lauréat de plusieurs prix, dont le prix Liliane Bettencourt pour les sciences de la vie (2015) et la médaille d’argent du CNRS (2015).

Projet scientifique : LivingOrigami « Comment la géométrie et la mécanique contrôlent et contraignent la morphogenèse »

La morphogenèse est l’étude de l’apparition des formes en biologie. Ce processus très robuste et complexe se dérègle dans les maladies. Quels mécanismes sous-tendent la morphogenèse ? Pour répondre à cette question, il faut comprendre comment l’information spécifiant les comportements cellulaires, tels que les changements de forme des cellules, est encodée et implique de caractériser les processus mécaniques sous-jacents, et comment ils sont contrôlés dans l’espace et dans le temps. Jusqu’à présent, l’accent a été mis sur la compréhension de la manière dont les gènes et la mécanique cellulaire contrôlent les changements de forme des cellules et, par conséquent, la morphogenèse à l’échelle des tissus et des organes. Cependant, le rôle des propriétés géométriques d’un tissu et de ses limites physiques, de leur taille, de leur courbure et de leur dimensionnalité est récemment apparu comme une caractéristique importante, bien que négligée, des processus morphogénétiques.

Le projet LivingOrigami permettra d’élucider les rôles de la géométrie et de la rétroaction géométrique sur la biomécanique des cellules et des tissus, ainsi que la manière dont elles déterminent la morphogenèse des tissus.

Les chaires d’excellence en Biologie/Santé, un dispositif France 2030

Confirmant l’ambition fixée avec le lancement du Plan Innovation santé 2030, volet santé de France 2030, de faire de la France un pays leader en santé, le président de la République a annoncé en juin 2023 le lancement de ses différents dispositifs de soutien afin de conserver et de renforcer, sur notre territoire une recherche d’excellence dans le champ de la Biologie/Santé. Disposer d’une recherche biomédicale d’excellence est en effet une première étape clé pour permettre aux innovations en matière de soins de santé d’émerger en grand nombre et à long terme, dans le but d’améliorer la santé publique, de renforcer notre souveraineté et d’attirer les investissements internationaux ainsi que les grands industriels de santé.

Les premières chaires d’excellence en Biologie/Santé attribuées en 2024 ont pour objectif de conserver et d'attirer en France les meilleurs chercheurs de leur discipline et renforcer l’excellence de la recherche française. A la clé, des financements conséquents pour mener à bien de nouveaux projets d’envergure en France sur une durée de cinq ans. 

Lancé en mai 2023, ce dispositif est opéré pour le compte de l’État par l’Agence nationale de la recherche (ANR) et a pour ambition de financer au total entre 40 et 50 chaires d’excellence. Il repose sur un budget total de 80 M€ de France 2030.